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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

furie, narguant et insultant ses ennemis ; son bras se levait et se baissait avec la régularité d’un balancier.

— Ah ! ah ! s’écria-t-il en apercevant les chasseurs, vous voulez votre part, arrivez ! arrivez !

Ceux-ci ne se le firent pas répéter et se précipitèrent à corps perdu sur lui.

Mais mal leur en prit : John Davis, atteint par le poitrail du cheval, alla rouler à vingt pas sur le sol, où il demeura étendu ; au même instant son compagnon tombait, le crâne fracassé, et expirait sans pousser une plainte.

Cette dernière péripétie donna le coup de grâce aux Indiens qui, ne pouvant plus résister à l’épouvante que leur inspirait cet homme extraordinaire, se mirent à fuir dans toutes les directions avec des hurlements de terreur.

Le Scalpeur jeta sur l’arène sanglante, où une dizaine de corps étaient étendus, un regard de triomphe et de haine satisfaite, et lançant son cheval en avant, il atteignit un fuyard, l’enleva par les cheveux, le jeta en travers sur le devant de sa selle et disparut dans la forêt en poussant un ricanement horrible.

Il ne restait plus dans la clairière que dix ou douze corps étendus ; deux ou trois seulement vivaient encore, les autres n’étaient que des cadavres.

Cette fois encore le Scalpeur-Blanc s’était ouvert un sanglant passage.

Quant à fray Antonio, dès qu’il avait vu le combat entamé, il avait jugé inutile d’en attendre l’issue ; il avait judicieusement profité de l’occasion, et se glissant tout doucement d’arbre en arbre, il avait exécuté une savante retraite et s’était sauvé.