Page:Aimard - Les Rôdeurs de frontières, 1910.djvu/305

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
299
LES RODEURS DE FRONTIÈRES

jouissait à juste titre d’une certaine réputation de bravoure, qu’il fût possible de pousser aussi loin le triomphe de la force morale sur la force physique.

L’Indien sourit avec orgueil en lisant dans les yeux de l’Américain l’étonnement que lui causait son action.

— Mon frère croit-il toujours que le Renard-Bleu soit aussi faible ? lui demanda-t-il.

— Ma foi, chef, je ne sais plus que penser ; ce que je vous vois faire me confond ; je suis prêt à vous supposer capable d’accomplir les choses les plus impossibles.

— Les chefs de ma nation sont des guerriers renommés qui se rient de la douleur, et pour lesquels la souffrance n’existe pas, fit le Peau-Rouge avec orgueil.

— Je serais assez porté à le croire, d’après votre manière d’agir.

— Mon frère est un homme ; il m’a compris. Nous visiterons ensemble les guerriers étendus sur la terre, puis nous songerons à nous.

— Quant à vos pauvres compagnons, chef, je suis contraint de vous avouer que nous n’avons plus à nous occuper d’eux, tous secours leur seraient inutiles ; ils sont morts.

— Bon ! ils sont tombés noblement en combattant ; le Wacondah les recevra dans son sein et les fera chasser avec lui dans les prairies bienheureuses.

— Ainsi soit-il.

— Maintenant, avant toute chose, terminons l’affaire que nous avions commencée ce matin, et qui a été si fortuitement interrompue.