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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

demeurés immobiles, se contentant de surveiller attentivement les mouvements des Mexicains.

Le capitaine profita de ce répit que lui offrait si généreusement l’ennemi pour prendre quelques dispositions de défense et corriger son plan de bataille.

Les mules furent déchargées, les précieuses cassettes placées tout à fait en arrière, aussi loin que possible de l’ennemi ; puis mules et chevaux, amenés sur le front de bandière du détachement, furent rangés de façon à ce que leurs corps servissent de rempart aux soldats, qui, agenouillés et courbés derrière ce retranchement vivant, se trouvèrent relativement à l’abri des balles ennemies.

Lorsque ces mesures furent prises et que par un dernier coup d’œil le capitaine se fut assuré que ses ordres avaient été ponctuellement exécutés, il se pencha à l’oreille de ño Bautista, l’arriero chef, et lui dit quelques mots à voix basse.

L’arriero fit un brusque mouvement de surprise en entendant les paroles du capitaine, mais se remettant presque aussitôt, il baissa affirmativement la tête.

— Vous obéirez ? demanda don Juan en le regardant fixement.

— Sur l’honneur, capitaine, répondit l’arriero.

— Eh bien ! dit gaiement le jeune homme, nous allons rire, je vous en réponds.

L’arriero se retira et le capitaine vint se placer devant ses soldats. À peine avait-il pris son poste de combat, qu’un homme apparut sur le sommet de la montée de droite ; cet homme tenait à la main une longue lance à l’extrémité de laquelle flottait un morceau d’étoffe blanche.