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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

Sa femme, nommée Fanny, était sa parente éloignée. Elle était brune avec de ravissants yeux bleus, douce et modeste. Bien que beaucoup plus jeune que son mari, puisqu’elle n’avait pas encore vingt-deux ans, Fanny éprouvait pour lui la plus profonde et la plus sincère affection.

Lorsque le vieux soldat s’était vu père, qu’il avait commencé à éprouver les joies intimes de la famille, une révolution s’était opérée en lui, il avait subitement pris l’état militaire en dégoût et n’avait plus désiré que les joies tranquilles du foyer.

James Watt était un de ces hommes pour lesquels de la conception à l’exécution d’un projet il n’y a qu’un pas. Aussi, à peine la pensée de se retirer du service lui fût-elle venue, qu’il l’exécuta immédiatement, résistant à toutes les remontrances et à toutes les objections que lui faisaient ses amis.

Cependant, bien que le capitaine désirât rentrer dans la vie privée, il n’entendait en aucune façon quitter le harnais militaire pour endosser l’habit du citadin. La vie monotone des villes de l’Union n’avait rien de bien séduisant pour un vieux soldat dont l’agitation et le mouvement avaient été pour ainsi dire l’état normal pendant tout le cours de son existence.

En conséquence, après y avoir mûrement réfléchi, il s’arrêta à un moyen terme qui, dans son opinion, devait remédier à ce que la vie civile aurait eu pour lui de trop simple et de trop tranquille.

Ce moyen était de solliciter une concession sur la frontière indienne, de défricher cette concession avec ses engagés et ses domestiques et de vivre là heu-