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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

Ce fut sur l’espace libre dont nous avons parlé que le capitaine se mit en devoir d’élever les bâtiments et les dépendances de la colonie.

Ces bâtiments ne devaient, dans le principe, être construits, du reste ainsi que cela se pratique sur tous les défrichements, qu’en bois, c’est-à-dire avec des troncs d’arbres auxquels on laissa l’écorce ; le bois ne manquait pas, grâce à la forêt située à cent mètres au plus de la colonie.

Les travaux furent poussés avec une activité telle que deux mois après l’arrivée du capitaine en cet endroit, tous les bâtiments étaient terminés et l’emménagement intérieur presque complet.

Au centre de la colonie on avait construit sur une éminence ménagée à cet effet une espèce de tour octogone élevée de vingt-cinq mètres environ, dont le toit formait terrasse, et qui était divisée en trois étages : en bas se trouvaient la cuisine et les communs, les chambres d’en haut étaient destinées aux membres de la famille, c’est-à-dire au capitaine, à sa femme, aux deux domestiques des enfants, jeunes et vigoureuses Kentuckiennes, aux joues roses et rebondies, nommées Betzi et Emmy, à mistress Margaret, la cuisinière, respectable matrone entrant dans son neuvième lustre, bien qu’elle n’avouât que trente-cinq ans, et eût encore des prétentions à la beauté ; et enfin au sergent Bothrel. Cette tour était fermée par une porte solide doublée en fer, et au centre de laquelle s’ouvrait un guichet destiné à reconnaître les visiteurs.

À dix mètres à peu près de la tour et communiquant avec elle au moyen d’un passage souterrain, se trouvaient l’habitation des chasseurs, celle des