Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/120

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L’air n’avait plus un souffle.

La marche du feu se trouva ralentie.

La providence accordait quelques minutes de plus à ces malheureuses créatures.

En ce moment le camp offrait un aspect étrange.

Tous ces hommes frappés de terreur avaient perdu même l’instinct de la conservation.

Les Lanceros se confessaient les uns aux autres.

Les guides étaient plongés dans un sombre désespoir.

Le général accusait le ciel de sa disgrâce.

Pour le docteur, il ne regrettait que la plante qu’il ne pourrait pas découvrir, chez lui toute autre considération cédait devant celle-là.

Doña Luz, les mains jointes et les genoux en terre priait avec ferveur.

Le feu marchait toujours avec son avant-garde de bêtes fauves.

— Oh ! s’écria le général en secouant avec force le bras du guide, nous laisserez-vous donc brûler ainsi sans chercher à nous sauver ?

— Que faire contre Dieu ? répondit impassiblement le Babillard.

— N’est-il donc aucun moyen de nous préserver de la mort ?

— Aucun !

— Il en est un ! s’écria un homme qui, les cheveux et le visage à demi brûlés, se précipita dans le camp en escaladant les ballots, suivi d’un autre individu.