Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/130

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cabanes groupées capricieusement auprès les unes des autres, à l’abri d’un fortin armé de quatre petits canons, qui commandait le cours de la rivière.

Ce village, si jeune encore, avait déjà, grâce à la prodigieuse activité américaine, acquis toute l’importance d’une ville. Deux tavernes regorgeaient de buveurs, trois temples de sectes différentes servaient à réunir les fidèles.

Çà et là les habitants allaient et venaient avec cette préoccupation de gens qui travaillent sérieusement et qui vaquent à leurs affaires.

De nombreux canots sillonnaient la rivière, et des charrettes chargées de marchandises allaient dans tous les sens, en grinçant sur leurs essieux criards et en creusant de profondes ornières.

Cependant malgré tout ce mouvement ou peut-être à cause de lui, il était facile de reconnaître qu’une certaine inquiétude régnait dans le village.

Les habitants s’interrogeaient les uns les autres, des groupes se formaient sur le pas des portes et plusieurs hommes, montés sur de forts chevaux, s’élançaient en éclaireurs dans plusieurs directions, après avoir pris les ordres du capitaine commandant le fort qui, revêtu de son grand uniforme, une longue-vue à la main et les bras derrière le dos, se promenait à grands pas sur les glacis du fortin.

Peu à peu les canots regagnèrent la plage, les charrettes furent dételées, les bêtes de somme ren-