Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/138

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— Nous sommes perdus ! murmura-t-il.

Dans les combats incessants qui se livrent sur les frontières indiennes, les lois de nos guerres civilisées sont complètement inconnues.

Le væ victis règne dans toute l’acception du mot.

Les ennemis acharnés qui combattent les uns contre les autres avec tous les raffinements de la barbarie ne demandent et n’accordent pas de quartier.

Toute lutte est donc une question de vie ou de mort.

Tel est l’usage.

Le capitaine le savait, aussi ne se faisait-il pas la moindre illusion sur le sort qui l’attendait s’il tombait aux mains des Comanches.

Il avait commis la faute de se laisser surprendre par les Peaux-Rouges, il devait subir les conséquences de son imprudence.

Mais le capitaine était un brave soldat ; certain de ne pouvoir se retirer sain et sauf du guêpier dans lequel il se trouvait, il voulut du moins succomber avec honneur.

Les soldats n’avaient pas besoin d’être excités à faire leur devoir, ils savaient aussi bien que leur capitaine qu’il ne leur restait aucune chance de salut.

Aussi les défenseurs du fort se placèrent résolument derrière les barricades et commencèrent à fusiller les Indiens avec une justesse et une précision qui ne laissèrent pas que de leur causer de grandes pertes.