Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/142

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leur à cette affreuse mutilation, le sang coulait en abondance de son crâne nu, et inondait son visage.

— Tue-moi ! dit-il, tue-moi, cette douleur est horrible.

— Tu trouves ? dit le capitaine.

— Oh ! tue-moi ! tue-moi !

— Allons donc, répondit l’officier en haussant les épaules, me prends-tu pour un boucher, non, je vais te rendre à tes dignes amis.

Il prit alors le chasseur par les jambes, le traîna jusqu’au bord de la plate-forme et le poussa du pied.

Le misérable chercha instinctivement à se retenir en saisissant de la main gauche l’extrémité d’une poutre qui faisait saillie au-dehors.

Un instant il resta suspendu dans l’espace.

Il était hideux à voir, son crâne à vif, son visage sur lequel coulaient incessamment des flots d’un sang noir, contracté par la souffrance et la terreur, tout son corps agité de mouvements convulsifs inspiraient l’horreur et le dégoût.

— Pitié ! pitié ! murmurait-il.

Le capitaine le regardait le sourire aux lèvres, les bras croisés sur la poitrine.

Mais les nerfs fatigués du misérable ne purent le soutenir plus longtemps, ses doigts crispés lâchèrent le pieu qu’il avait saisi avec l’énergie du désespoir.

— Bourreau ! sois maudit ! cria-t-il avec un accent de rage suprême.

Et il tomba.