Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/189

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elle n’avait pas jugé à propos de parler à son oncle, doña Luz quittait Mexico sans avoir revu l’inconnu. Seulement, la veille de son départ, en entrant dans sa chambre à coucher, la jeune fille avait trouvé sur son prie-Dieu un papier plié en quatre. Sur ce papier étaient écrits ces quelques mots, d’une écriture fine et élégante :

« Vous partez, doña Luz, souvenez-vous que je vous ai dit au revoir.

« Votre sauveur de la calle de Plateros. »

Pendant longtemps cette étrange rencontre avait fortement occupé l’esprit de la jeune fille, un instant elle avait cru que le Cœur-Loyal et son sauveur inconnu étaient le même homme, mais cette supposition s’était bientôt évanouie. Quelle probabilité qu’il en fût ainsi ? Dans quel but le Cœur-Loyal, après l’avoir sauvée, se serait-il si promptement éloigné ? cela eût été absurde.

Mais, par une de ces conséquences ou de ces inconséquences, comme on le voudra, de l’esprit humain, au fur et à mesure que l’aventure de Mexico s’effaçait dans sa pensée, le Cœur-Loyal y grandissait.

Elle aurait voulu voir le chasseur, causer avec lui.

Pourquoi ?

Elle ne le savait pas elle-même ; pour le voir, entendre sa voix, s’enivrer de son regard si doux et si fier, pas autre chose, toutes les jeunes filles sont ainsi.