Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/22

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en lançant un regard en dessous à son interlocuteur, un enfant !

— À peu près, dit le lepero, fier d’être ainsi écouté, c’est Rafaël, le fils aîné de don Ramon.

— Tiens, tiens, tiens, dit le juge avec une secrète satisfaction, mais non, reprit-il, ce n’est pas possible, Rafaël n’a que seize ans tout au plus, il n’aurait pas été se prendre de querelle avec Cornejo qui, rien qu’en lui serrant le bras, en aurait eu raison.

— C’est cependant ainsi, Excellence, nous l’avons tous vu, Rafaël avait joué au monté chez don Aguilar, il paraît que la chance ne lui était pas favorable, il perdit tout ce qu’il avait d’argent, alors la rage le prit, et pour se venger, il mit le feu à la maison.

— Caspita ! fit le juge.

— C’est comme j’ai l’honneur de vous le dire, Excellence, regardez, on voit encore la fumée quoique la maison soit déjà en cendres.

— En effet, fit le juge en jetant un regard du côté que lui indiquait le lepero, et ensuite…

— Ensuite, continua l’autre, naturellement il voulut se sauver, Cornejo essaya de l’arrêter…

— Il avait raison !

— Il avait tort puisque Rafaël l’a tué !

— C’est juste, dit le juge, mais soyez tranquilles, mes amis, la justice le vengera.

Cette parole fut accueillie par les assistants avec un sourire de doute.