Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/250

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après quelques caresses faites à Belhumeur, avait pris sa course, le nez au vent pour rejoindre son maître qui n’était autre que le vieil Espagnol ; il le rejoignit en effet.

Les traces du limier que les Indiens ne songèrent pas à faire disparaître, par la raison toute simple qu’ils ne s’aperçurent pas qu’il était avec eux, se voyaient partout, et pour des chasseurs aussi adroits que le Cœur-Loyal et Belhumeur, c’était un fil d’Ariane que rien ne pouvait rompre.

Les chasseurs marchaient donc tranquillement le fusil en travers de la selle, accompagnés de leurs rastreros, à la suite des Comanches qui étaient loin de supposer qu’ils avaient une telle arrière-garde.

Chaque soir le Cœur-Loyal s’arrêtait à l’endroit précis où la Tête-d’Aigle avait un jour auparavant établi son bivouac, car telle était la diligence faite par les deux hommes, que les Indiens ne les précédaient que de quelques lieues ; ils auraient été facilement dépassés, si telle avait été l’intention des trappeurs. Mais, pour certaines raisons, le Cœur-Loyal désirait se borner à les suivre quelque temps encore.

Après avoir passé la nuit dans une clairière sur les bords d’un frais ruisseau dont le doux murmure avait bercé leur sommeil, les chasseurs se préparaient à se remettre en route, leurs chevaux étaient sellés, ils mangeaient debout une tranche d’élan comme des gens pressés de partir, lorsque le Cœur-