Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/273

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Il n’y avait nulle gloire à attendre, mais au contraire une réprobation générale à s’attirer.

Les Comanches le comprenaient, de là leur répugnance et leur hésitation. Cependant il fallait en finir.

La Tête-d’Aigle s’approcha de la prisonnière, et la délivrant des harpies qui la harcelaient :

— Femme, lui dit-il d’une voix sombre, j’ai tenu ma promesse, ton fils n’est pas venu, tu vas mourir.

— Merci, dit-elle d’une voix brisée, en s’appuyant contre un arbre pour ne pas tomber.

Le chef indien la regarda sans comprendre.

— Ne crains-tu pas la mort ? lui demanda-t-il.

— Non, reprit-elle en fixant sur lui un regard d’une angélique douceur, elle sera la bienvenue, ma vie n’a été qu’une longue agonie, la mort sera pour moi un bienfait.

— Mais ton fils ?

— Mon fils sera sauvé si je meurs, tu l’as juré sur les os de tes pères.

— Je l’ai juré.

— Livre-moi donc à la mort.

— Les femmes de ta nation sont-elles donc comme les squaws indiennes, qui voient la torture sans trembler ? dit le chef avec étonnement.

— Oui ! répondit-elle avec agitation, toutes les mères la méprisent lorsqu’il s’agit du salut de leurs enfants.