Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/29

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vive colorait son teint bruni d’un reflet rougeâtre, son regard prenait une fixité et une force que nul ne pouvait supporter et qui faisaient hésiter et trembler les plus braves.

La finesse des extrémités et plus que tout le cachet d’aristocratie empreint sur sa personne dénotaient au premier coup d’œil que cet homme était de pure et noble race castillane.

En effet, ce personnage était don Ramon Garillas de Saavedra, le propriétaire de l’hacienda del Milagro que nous venons de décrire.

Don Ramon Garillas descendait d’une famille espagnole dont le chef avait été un des principaux lieutenants de Cortez, et s’était établi au Mexique après la miraculeuse conquête de cet aventurier de génie.

Jouissant d’une fortune princière, mais repoussé, à cause de son mariage avec une femme de race aztèque mêlée, par les autorités espagnoles, il s’était adonné tout entier à la culture de ses terres et à l’amélioration de ses vastes domaines.

Après dix-sept ans de mariage, il se trouvait chef d’une nombreuse famille composée de six garçons et de trois filles, en tout neuf enfants, dont Rafaël, celui que nous avons vu si lestement tuer le vaquero, était l’aîné.

Le mariage de don Ramon et de doña Jesusita n’avait été qu’un mariage de convenance, contracté du point de vue seul de la fortune, mais qui pourtant les rendait comparativement heureux ; nous di-