Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/311

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— C’est juste, après ?

— Eh bien, l’expédition sera manquée et pas un de nous ne reverra les pays civilisés. Vous êtes la tête, nous ne sommes que les bras nous autres, restez donc au camp.

Le général réfléchit quelques secondes, puis serrant cordialement la main du jeune homme :

— Merci, dit-il, mais il faut que je voie par moi-même ce qui se trame contre nous. La circonstance est trop sérieuse pour que je puisse me fier même à vous.

— Il faut que vous restiez, général, insista le capitaine, si ce n’est pour nous, que ce soit au moins pour votre nièce, pour cette innocente et frêle créature, qui, s’il vous arrivait malheur, se trouverait seule, abandonnée au milieu de peuplades féroces, sans soutien et sans protecteur ; qu’importe ma vie à moi, pauvre enfant sans famille qui doit tout à vos bontés ! L’heure est venue de vous prouver ma reconnaissance, laissez-moi acquitter ma dette.

— Mais, voulut dire le général.

— Vous le savez, continua le jeune homme avec entraînement, si je pouvais vous remplacer auprès de doña Luz, j’accepterais avec bonheur, mais je suis trop jeune encore pour jouer ce noble rôle ; allons, général, laissez-moi prendre votre place, elle m’appartient.

Moitié de gré, moitié de force, il fit reculer le vieil officier, s’élança sur les retranchements, les fran-