Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/313

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formé dans les guerres incessantes du Mexique, il savait allier le courage à la prudence.

Arrivé à une certaine distance du camp, il s’étendit à plat ventre et gagna en rampant un bloc de rochers qui était parfaitement disposé pour lui servir d’embuscade.

Tout paraissait tranquille autour de lui, aucun indice ne pouvait lui faire supposer que l’ennemi s’approchât ; après un temps assez long, passé à explorer le terrain, il se préparait à regagner le camp avec la conviction que le général s’était trompé, que nul péril imminent n’existait, lorsque tout à coup, à dix pas de lui, un asshata bondit effaré, les oreilles droites, la tête rejetée en arrière, fuyant avec une vélocité extrême, en donnant les marques de la plus grande terreur.

— Oh ! oh ! murmura le jeune homme, y aurait-il donc quelque chose ? Voyons un peu.

Quittant alors la roche derrière laquelle il s’abritait, il fit avec précaution quelques pas en avant, afin de s’assurer de la réalité de ses craintes.

Les herbes s’agitèrent avec force, une dizaine d’hommes se levèrent subitement autour de lui et l’entourèrent avant qu’il eût eu le temps de se mettre en défense, ou de regagner l’abri qu’il avait si imprudemment quitté.

— À la bonne heure, au moins, dit-il avec le plus dédaigneux sang-froid, je sais à présent à qui j’ai affaire.