Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/336

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Ensuite, il visita avec soin les armes de ses guerriers, et, satisfait du résultat de son inspection, il donna le signal du départ.

Les Comanches et les trappeurs prirent la file indienne et, précédés de leurs chefs respectifs, ils quittèrent le camp, au milieu des souhaits et des exhortations de leurs amis, qui les accompagnèrent jusqu’aux premiers arbres de la forêt.

La petite armée se composait de cent trente hommes résolus, parfaitement armés, commandés par des chefs que nul obstacle ne pourrait arrêter, nul péril faire reculer.

Les ténèbres étaient épaisses, la lune voilée par de gros nuages noirs, qui couraient lourdement dans l’espace, ne répandait, par intervalles, qu’une lueur blafarde et sans rayonnement qui, lorsqu’elle disparaissait, donnait aux objets une apparence fantastique.

Le vent soufflait par rafales et s’engouffrait dans les ravins, avec de sourds et plaintifs murmures.

Enfin, cette nuit était une de celles qui, dans l’histoire de l’humanité, semblent destinées à voir s’accomplir de lugubres tragédies.

Les guerriers marchaient silencieux, ils paraissaient dans les ténèbres, une foule de fantômes échappés du sépulcre, se hâtant pour accomplir une œuvre sans nom, maudite de Dieu, que la nuit seule peut abriter de son ombre.