Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/343

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Cependant à force d’instances et de menaces, le capitaine parvint à arracher aux bandits la promesse de rester jusqu’au lendemain et de tenter un coup décisif pendant la nuit.

Ceci convenu entre les pirates et leur chef, Ouaktehno ordonna à ses hommes de se cacher le mieux possible, surtout de ne pas bouger sans ordre, quelques mouvements qu’ils vissent faire aux Mexicains.

Le capitaine espérait, en restant invisible, persuader aux assiégés que, rebutés par les énormes difficultés qu’ils avaient rencontrées, les pirates s’étaient résolus à la retraite et s’étaient en effet retirés.

Ce plan ne manquait pas d’adresse, il obtint en effet presque le résultat que son auteur en attendait.

Les feux rougeâtres du couchant teignaient de leurs derniers reflets la cime des arbres et des rochers, la brise du soir qui se levait rafraîchissait l’air, le soleil allait disparaître à l’horizon dans un lit de vapeurs pourprées.

La tranquillité n’était troublée que par les cris assourdissants des oiseaux de proie, qui continuaient leur festin de cannibales, et se disputaient avec un acharnement féroce les lambeaux de chair, qu’ils arrachaient aux cadavres.

Le général, le cœur navré de ce spectacle douloureux, en songeant que le capitaine Aguilar, l’homme dont l’héroïque dévouement les avait sauvés tous,