Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/361

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— Oui, répondit nô Eusébio avec conviction, c’est lui qui a tout fait.

— Et dites-moi, mignonne, depuis deux mois que vous êtes en voyage, jamais votre oncle le général ne vous a laissé entrevoir, soit par ses paroles, soit par ses actions, soit par ses démarches, le but de cette expédition ?

— Jamais ! répondit doña Luz.

— C’est étrange, murmura la vieille dame.

— Étrange en effet, répéta nô Eusébio, qui s’obstinait à faire sortir de la fumée de sa cigarette éteinte.

— Mais enfin, reprit la mère du Cœur-Loyal, depuis son arrivée dans les prairies, à quoi votre oncle passait-il son temps ? Pardonnez-moi, mon enfant, ces questions qui doivent vous surprendre, mais qui ne sont nullement dictées par la curiosité, plus tard vous me comprendrez, vous reconnaîtrez alors que le vif intérêt que vous m’inspirez me porte seul à vous interroger.

— Je n’en doute pas, madame, répondit doña Luz avec un sourire charmant, aussi ne ferai-je aucune difficulté de vous répondre. Mon oncle depuis notre arrivée dans les prairies était triste et préoccupé, il recherchait la société de ces hommes habitués à la vie du désert, lorsqu’il en rencontrait un, il restait de longues heures à causer avec lui et à l’interroger.