Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/370

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Voilà ce que se demandaient les trappeurs, en le considérant avec cette curiosité et cet intérêt que l’on est malgré soi forcé d’accorder à l’homme intrépide qui accomplit une action téméraire, quelle que soit d’ailleurs sa moralité.

— Monsieur, lui dit le Cœur-Loyal, au bout d’un instant, puisque vous vous êtes remis entre nos mains, vous ne refuserez sans doute pas de répondre aux questions que nous jugerons convenable de vous adresser.

Un sourire d’une expression indéfinissable glissa sur les lèvres pâles et minces du pirate.

— Non seulement, répondit-il d’une voix calme et parfaitement accentuée, je ne refuserai pas de vous répondre, messieurs, mais encore, si vous le permettez, j’irai au-devant de vos questions en vous disant moi-même spontanément tout ce qui s’est passé, ce qui pour vous éclaircira, j’en suis sûr, bien des faits qui sont restés obscurs et que vainement vous avez cherché à vous expliquer.

Un murmure de stupéfaction parcourut les rangs des trappeurs, qui peu à peu s’étaient rapprochés et écoutaient avec attention.

Cette scène prenait des proportions étranges, elle promettait de devenir on ne peut plus intéressante.

Le Cœur-Loyal réfléchit un instant, puis s’adressant au pirate :

— Faites, monsieur, dit-il, nous vous écoutons.

Le capitaine s’inclina, puis d’un accent railleur,