Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/381

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

X

AMOUR.


Doña Luz et le Cœur-Loyal étaient vis-à-vis l’un de l’autre dans une position singulière.

Jeunes tous deux, beaux tous deux, ils s’aimaient sans oser se l’avouer, presque sans s’en douter.

Tous deux, bien que leur vie se fût passée dans des conditions diamétralement opposées, possédaient une égale fraîcheur de sentiments, une égale naïveté de cœur.

L’enfance de la jeune fille s’était écoulée pâle et décolorée, au milieu de pratiques religieuses outrées, dans ce pays où la religion du Christ est plutôt un paganisme que la foi pure, noble et simple de nos contrées.

Jamais elle n’avait senti battre son cœur. Elle ignorait l’amour, comme elle ignorait la douleur.

Vivant ainsi que les oiseaux du ciel, oubliant la veille, ne songeant pas au lendemain.

Le voyage qu’elle avait entrepris avait complètement changé son existence.

À la vue des immenses horizons, qui se dérou-