Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/382

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laient devant elle dans la prairie, des majestueuses rivières qu’elle traversait, des superbes montagnes qu’il lui fallait côtoyer souvent, et dont la cime chenue semblait toucher le ciel, ses idées s’étaient agrandies, un bandeau était pour ainsi dire tombé de ses yeux, elle avait compris que Dieu l’avait créée pour autre chose que pour traîner dans un couvent une existence inutile.

L’apparition du Cœur-Loyal, dans les circonstances exceptionnelles où il s’était présenté à elle, avait séduit son esprit ouvert à toutes les sensations, prêt à garder toutes les impressions fortes qu’il recevrait.

En présence de la nature d’élite du chasseur, de cet homme au costume sauvage, mais au visage pâle, aux traits altiers et à la démarche noble, elle s’était sentie émue malgré elle.

C’est qu’à son insu, par la force des sympathies cachées qui existent entre tous les êtres dans la grande famille humaine, son cœur avait rencontré le cœur qu’il cherchait.

Délicate et frêle, elle avait besoin de cet homme énergique, au regard fascinateur, au courage de lion, à la volonté de fer, pour la soutenir dans la vie et la sauvegarder de sa toute puissante protection.

Aussi s’était-elle, dès le premier moment, laissée aller avec un sentiment de bonheur indéfinissable, à la pente qui l’entraînait vers le Cœur-Loyal, et l’a-