Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/388

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Il était ainsi depuis un temps assez long, quand une voix douce murmura à son oreille :

— Qu’avez-vous donc, mon fils ? Pourquoi cette tristesse qui voile vos traits ? Auriez-vous de mauvaises nouvelles ?

Le Cœur-Loyal releva la tête comme un homme réveillé en sursaut.

Sa mère et doña Luz étaient debout devant lui, les bras entrelacés, appuyées l’une sur l’autre.

Il jeta sur elles un regard mélancolique et répondit avec un soupir étouffé :

— Hélas ! ma mère, demain est le dernier jour ! je n’ai encore rien pu imaginer pour sauver doña Luz et lui rendre son oncle.

Les deux femmes tressaillirent.

— Demain ! murmura doña Luz, c’est vrai, c’est demain que cet homme doit venir.

— Que ferez-vous, mon fils ?

— Le sais-je, ma mère ? répondit-il avec une impatience fébrile ; oh ! cet homme est plus fort que moi ! il a déjoué tous mes plans ! Jusqu’à présent il nous a été impossible de savoir où il s’est retiré, toutes nos recherches ont été inutiles.

— Cœur-Loyal, lui dit doucement la jeune fille, m’abandonnerez-vous donc à la merci de ce bandit ? Pourquoi m’avez-vous sauvée alors ?

— Oh ! fit le jeune homme, ce reproche me tue !

— Je ne vous adresse pas de reproche, Cœur-Loyal, dit-elle vivement, mais je suis bien malheu-