Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/423

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— Vous allez l’apprendre, monsieur.

— J’attends, répondit le pirate, en jetant autour de lui un regard provocateur.

— Dans ces déserts où toutes les lois humaines se taisent, reprit le chasseur d’une voix vibrante, la loi de Dieu seule doit être en vigueur, cette loi dit œil pour œil, dent pour dent, vous le savez.

— Après ? fit le pirate d’un ton sec.

— Depuis dix ans, continua impassiblement Belhumeur, à la tête d’une troupe de bandits sans foi ni loi, vous êtes devenu la terreur des prairies, pillant et assassinant les hommes blancs et les hommes rouges, car vous n’êtes d’aucun pays, le vol et la rapine sont votre seule règle, voyageurs, trappeurs, chasseurs, gambusinos ou Indiens, vous ne respectez personne si le meurtre peut vous procurer un peu d’or ; il y a quelques jours à peine, vous avez pris d’assaut le camp de paisibles voyageurs mexicains et vous les avez massacrés sans pitié. Cette carrière du crime devait avoir un terme, ce terme est enfin arrivé. Nous tous, Indiens et chasseurs, nous nous sommes réunis ici pour vous juger et vous appliquer la loi implacable des prairies.

— Oeil pour œil, dent pour dent, crièrent les assistants en brandissant leurs armes.

— Vous vous trompez grandement, mes maîtres, répondit le pirate avec assurance, si vous croyez que je tendrai paisiblement la gorge au couteau comme un veau qu’on mène à l’abattoir, je me méfiais de ce