Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/442

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séparer sans espoir de réunion possible, de l’homme dont chaque minute passée dans une douce intimité lui avait fait apprécier de plus en plus l’admirable caractère, et qui était devenu à présent indispensable à sa vie et à son bonheur.

— Qu’as-tu, mon enfant ? tu es triste, tes yeux sont pleins de larmes, lui demanda son oncle en lui pressant la main avec intérêt.

— Hélas ! mon oncle, répondit-elle avec un accent plaintif, comment ne serais-je pas triste après tout ce qui s’est passé depuis quelques jours ? j’ai le cœur brisé.

— C’est vrai, les événements affreux dont nous avons été les témoins et les victimes sont plus que suffisants pour t’attrister, mais tu es bien jeune encore, mon enfant, dans quelque temps, ces événements ne resteront plus dans ta pensée que comme le souvenir de faits que, grâce au ciel, tu n’auras plus à redouter dans l’avenir.

— Ainsi nous partirons bientôt ?

— Demain, s’il est possible, que ferais-je ici désormais ? le ciel lui-même se déclare contre moi, puisqu’il m’oblige à renoncer à cette expédition dont le succès aurait fait le bonheur de mes vieux jours ; mais Dieu ne veut pas que je sois consolé, que sa volonté soit faite, ajouta-t-il avec résignation.

— Que voulez-vous dire, mon oncle ? demanda la jeune fille avec vivacité.

— Rien qui puisse t’intéresser à présent, mon