Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/452

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J’étais en marche déjà depuis cinquante-sept jours ; voyageant en véritable flâneur, m’arrêtant où mon caprice m’invitait à planter ma tente.

Cependant j’approchais du but que je m’étais fixé, je me trouvais à quelques lieues à peine d’Hermosillo, cette ville qui, ceinte de murailles, possédant une population de quinze mille âmes, défendue par onze cents hommes de troupes réglées commandées par le général Bravo, un des meilleurs et des plus courageux officiers du Mexique, avait été audacieusement attaquée par le comte de Raousset à la tête de moins de deux cent cinquante Français, et enlevée à la baïonnette en deux heures.

Le soleil était couché, l’obscurité devenait de seconde en seconde plus grande. Mon pauvre cheval fatigué d’une traite de plus de quinze lieues, que je surmenais depuis quelques jours dans l’intention d’arriver plus tôt à Guaymas, n’avançait que péniblement, butant à chaque pas contre les cailloux pointus de la route.

J’étais moi-même excessivement fatigué, je mourais presque de faim, de sorte que je n’envisageais qu’avec une mine fort piteuse la perspective de passer encore une nuit à la belle étoile.

Je craignais de m’égarer dans les ténèbres ; en vain je cherchais à l’horizon une lumière qui pût me guider vers une habitation. Je savais rencontrer plusieurs haciendas – fermes – aux environs de la ville d’Hermosillo.