Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/46

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— Oh ! fit-elle avec horreur, voulez-vous donc être son bourreau !…

— Je suis son juge, répliqua l’implacable gentilhomme d’une voix terrible. Nô Eusébio, préparez deux chevaux.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! s’écria la pauvre femme en se précipitant vers son fils, qu’elle enlaça étroitement de ses bras, nul ne viendra-t-il donc à mon secours ?

Tous les assistants étaient émus. Don Ramon lui-même ne put retenir une larme.

— Oh ! s’écria la mère avec une joie folle, il est sauvé ! Dieu a amolli le cœur de cet homme de fer !

— Vous vous trompez, madame, interrompit don Ramon en la repoussant brusquement en arrière ; votre fils n’est plus à moi, il appartient à ma justice !

Alors, fixant sur son fils un regard froid comme une lame d’acier :

— Don Rafaël, dit-il d’une voix dont l’accent terrible fit malgré lui tressaillir le jeune homme, à compter de cet instant vous ne faites plus partie de cette société que vos crimes ont épouvantée ; c’est avec les bêtes fauves que je vous condamne à vivre et à mourir.

À cet arrêt terrible, doña Jesusita fit quelques pas en chancelant et tomba à la renverse.

Elle était évanouie.