Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/69

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Belhumeur, qu’ils les paieront cher !… Et où se trouvent les Comanches en ce moment ?

— À trois lieues de nous tout au plus. C’est un parti de pillards composé d’une douzaine d’hommes ; d’après la direction qu’ils suivent, ils regagnent leurs montagnes.

— Ils n’y arriveront pas tous, fit le chasseur en jetant un coup d’œil sur sa carabine.

— Parbleu ! dit Belhumeur avec un gros rire, ils n’auront que ce qu’ils méritent ; je m’en rapporte à vous, Cœur-Loyal, pour les punir de leur incartade ; mais vous serez bien plus déterminé à vous venger d’eux lorsque vous saurez par qui ils sont commandés.

— Ah ! ah ! je connais donc leur chef ?

— Un peu, dit Belhumeur en souriant, c’est Néhu nutah.

La Tête-d’Aigle ! s’écria le Cœur-Loyal en bondissant, oh ! oh ! oui je le connais, et Dieu veuille que cette fois je puisse régler le vieux compte que nous avons ensemble. Il y a assez longtemps que ses Mocksens foulent le même sentier que moi et me barrent le passage.

Après avoir prononcé ces paroles avec un accent de haine qui fit frissonner Belhumeur, le chasseur, fâché d’avoir laissé paraître la colère qui le dominait, reprit sa pipe et continua à fumer avec une feinte insouciance dont son compagnon ne fut point la dupe.