Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/75

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pour qu’il ne pût se porter à aucune voie de fait contre le chasseur.

Le Cœur-Loyal, après les avoir remerciés, avait lui-même rendu au chef les armes qu’on lui avait enlevées et que celui-ci reçut en lançant un regard sinistre à son généreux adversaire.

Le chasseur avait haussé les épaules avec dédain ; heureux de sauver la vie à un homme, il s’était retiré avec le prisonnier.

Le Cœur-Loyal venait en moins de dix minutes de se faire un ennemi implacable et un ami dévoué.

L’histoire du prisonnier était simple.

Parti du Canada avec son père, pour venir chasser dans les prairies, ils étaient tombés entre les mains des Comanches ; après une résistance désespérée, son père, couvert de blessures, n’avait pas tardé à succomber ; les Indiens fâchés de cette mort qui leur enlevait une victime, avaient prodigué au jeune homme les plus grands soins, afin qu’il pût honorablement figurer au poteau du supplice, ce qui serait inévitablement arrivé, sans l’intervention providentielle du Cœur-Loyal.

Après avoir obtenu ces renseignements, le chasseur avait demandé au jeune homme quelles étaient ses intentions et si le rude apprentissage qu’il venait de faire du métier de coureur des bois ne l’avait pas dégoûté de la vie d’aventures.

— Ma foi non, au contraire, avait répondu l’autre, je me sens plus que jamais déterminé à suivre cette