Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/86

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il vaudrait peut-être mieux attendre la nuit pour commencer notre expédition.

— Mettons d’abord nos chevaux en sûreté, nous verrons ensuite.

Les chasseurs sortirent du fourré avec la plus grande précaution. Au lieu de traverser la rivière ils rebroussèrent chemin et suivirent pendant quelque temps la route qu’ils avaient déjà faite, puis ils appuyèrent sur la gauche et s’engagèrent dans un ravin, où ils disparurent bientôt au milieu de hautes herbes.

— Je vous laisse nous guider, Belhumeur, dit le Cœur-Loyal, je ne sais réellement pas où vous nous conduisez.

— Rapportez-vous-en à moi, j’ai découvert par hasard à deux portées de fusil de l’endroit où nous sommes une espèce de citadelle où nos chevaux seront on ne peut mieux, et dans laquelle, le cas échéant, nous pourrions soutenir un siège en règle.

Caramba ! exclama le chasseur, qui par ce juron qui lui était habituel, trahissait son origine espagnole, comment avez-vous donc fait cette précieuse découverte ?

— Mon Dieu ! dit Belhumeur, de la façon la plus simple, je venais de tendre mes trappes, lorsqu’en gravissant la montagne qui est là devant nous, afin d’abréger mon chemin et de vous rejoindre plus vite, à peu près aux deux tiers de la montée je vis passer entre les broussailles le museau velu d’un superbe ours.