Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/15

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mer plus clairement ma pensée, pardonnez-moi.

Elle arracha un médaillon suspendu à son cou par une légère chaîne d’or et le présentant au jeune homme.

— Conservez ce souvenir, dit-elle, que ce soit le lien qui nous rattache l’un à l’autre ; soyez bien convaincu, que quoi que le sort décide de moi, jamais je n’oublierai ni les services que vous m’avez rendus, ni l’attachement profond et respectueux que vous m’avez voué.

Le jeune homme prit le médaillon, qu’il pressa sur son cœur, et détournant la tête il fondit en larmes, seul moyen qui lui restait d’exprimer ce qu’il éprouvait et ce qu’il n’osait dire.

— Bien, dit Fleur-de-Mai, vous êtes une noble nature, madame ; Dieu, qui a fait égaux tous les êtres qu’il a créés, saura, croyez-le bien, abaisser les barrières qui s’élèvent entre vous et mon ami. Prends courage, l’Olonnais, tu es jeune, tu es beau, tu es aimé, un jour viendra où tu seras heureux.

Elle prononça ces dernières paroles d’une voix étouffée et les yeux pleins de larmes ; mais bientôt elle releva la tête doucement sourit et sans ajouter un mot elle ouvrit les bras :

Les deux jeunes femmes demeurèrent un instant embrassées ; puis se prenant par la main, elles se mirent en marche pour rejoindre les chasseurs, suivies par l’Olonnais, dont le front pâle et les yeux brûlés de fièvre laissaient deviner le feu intérieur dont il était dévoré.

Ainsi que cela arrive toujours en pareille circonstance, l’Olonnais depuis sa séparation d’avec les frères de la Côte, n’avait fait qu’errer au hasard, mais sans s’éloigner, et en tournant toujours dans le même cercle ; de sorte que lorsqu’il avait rencontré Fleur-de-Mai, lui et Mlle de la Torre, se trouvaient à peine à deux portées de fusil de l’endroit où les flibustiers avaient fait halte.

Fleur-de-Mai, élevée au désert, se dirigeait avec une adresse merveilleuse, au milieu de ce dédale en appa-