Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/18

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ragan se calma, que la mer redevint maniable, les habitants du Port-Margot constatèrent avec joie que pas un bâtiment n’avait péri pendant la tempête.

M. de la Torre et sa fille, en proie à une terreur profonde, avaient assisté avec une anxiété extrême à cette lutte héroïque, soutenue par ces hommes que l’on était accoutumé à considérer presque comme des bandits, contre les éléments déchaînés et furieux.

Rapporter les remerciements qui furent adressés aux frères de la Côte, et particulièrement à l’Olonnais, serait retomber dans des redites ; nous nous abstiendrons donc d’en parler.

Cependant le rude assaut que son navire avait eu à soutenir, avait donné beaucoup à réfléchir à M. de Lartigues ; il ne se souciait point de s’exposer à une nouvelle tempête, en prolongeant davantage son séjour à Port-Margot.

Comme le cartel parlementaire, qu’il avait demandé au gouverneur de la Havane, pour transporter M. de la Torre et sa famille à la Véra-Cruz, avait été reçu depuis quelques jours déjà par M. d’Ogeron, le commandant du Robuste résolut de mettre le temps à profit, en appareillant au plus vite.

Cette résolution annoncé par M. de Lartigues à la table de M. d’Ogeron, en présence de plusieurs flibustiers invités par le gouverneur, causa une grande émotion à tous les convives ; émotion qui fut surtout vivement ressentie par deux personnes, l’Olonnais et Mlle  de la Torre, qui échangèrent un regard empreint d’une navrante tristesse ; pendant tout le temps que dura le repas, ils n’eurent plus le courage de se mêler à la conversation.

Cependant en se levant de table et au moment de prendre congé, l’Olonnais rappelant à lui tout son courage, fit un effort suprême, et s’approchant du duc qui causait avec M. d’Ogeron :

— Monsieur le duc, lui dit-il en le saluant courtoisement ainsi que les deux dames, permettez-moi de vous