Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/210

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la face une mortelle injure ! puisque malgré vous cette explication a eu lieu, que madame la duchesse a exigé qu’elle se passât devant elle, avant de faire de moi votre ennemi, pourquoi ne pas me laisser achever de vous révéler le motif qui m’a dirigé dans toute cette affaire ?

— Soit, monsieur, puisque après vingt-cinq ans, les morts sortent du tombeau, dit la duchesse avec hauteur ; puisque ceux qui nous ont prodigué l’insulte, osent se dresser devant leurs victimes pour de nouveau leur lancer l’outrage, finissons-en ; qu’avez-vous à me dire, ou plutôt à me demander ?

— Une seule chose, madame, répondit-il avec une sombre énergie ; qu’est devenu mon fils, le vôtre ?

— Votre fils ! s’écrièrent à la fois le duc et la duchesse au comble de la stupéfaction.

— Oui, madame, notre fils, celui qui est né aux Sables d’Olonnes, pendant cette nuit fatale, où votre frère aidé par le docteur Guénaud, a réussi à s’emparer de lui. Eh bien ? vous, madame, vous cette noble femme, cet ange incomparable, qu’avez-vous fait de notre fils ! qu’est-il devenu ?

— Sur l’honneur, monsieur, je ne vous comprends pas. J’ai un fils ? moi ! un fils de vous ? ce fils est né aux Sables d’Olonnes, où jamais je n’ai mis les pieds ! oh ! monsieur, ceci est le comble de l’impudence !

— En effet, madame ; répondit le capitaine d’une voix rêveuse ; pardonnez-moi, je me suis trompé ; votre frère a voulu que sa vengeance fût complète, vous devez, maintenant je n’en doute pas, ignorer la naissance de votre fils.

— Au nom du ciel ! s’écria le duc, expliquez-vous ; il y a au fond de tout cela une horrible histoire : le voile qui la couvre doit être déchiré ! Comment se fait-il que madame la duchesse ignorât quelle eût eu un fils ? elle qui s’est avant son mariage confessée à moi comme à un prêtre ; qui m’a tout avoué ; comment se fait-il qu’elle ne m’ait pas parlé de ce fils ? pourquoi ? dites-le, puisque vous le savez ?