Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/250

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éclairait, une seconde, pour les plonger subitement dans une obscurité plus profonde.

— Voilà une belle nuit, pour un débarquement ; murmura Pitrians à part lui, définitivement le bon Dieu nous protège.

Il abandonna son cheval à lui-même, et se glissa silencieusement dans la grotte ; son premier soin fut d’allumer un grand feu, visible seulement de la mer et destiné à servir de phare aux flibustiers, en leur indiquant la direction à suivre.

Vers dix heures du soir, l’oreille exercée de Pitrians perçut un bruit sourd et cadencé, qui lui révéla l’approche de ses compagnons ; ce bruit augmenta rapidement ; de nombreuses pirogues émergèrent de l’obscurité, et entrèrent dans le cercle de lumière projetée par le feu. Bientôt le débarquement commença ; en moins d’une demi-heure, six cents hommes étaient réunis avec armes et bagages dans la caverne.

Vent-en-Panne et les autres chefs de l’expédition arrivèrent dans la dernière pirogue. Pitrians fut fêté et embrassé par tous ses compagnons.

Lorsque les frères de la Côte apprirent l’arrestation de l’Olonnais, ils se laissèrent aller à la plus grande fureur ; et firent le serment de mettre la ville à feu et à sang, si l’on touchait à un cheveu de leur compagnon. Cependant le calme se rétablit peu à peu, et le conseil des chefs se réunit.

Vent-en-Panne, au nom de tous, demanda à Pitrians ce qu’il convenait de faire. La flotte ne pouvait rester au mouillage provisoire qu’il avait choisi ; elle se trouvait-là dans une rade foraine, où il serait facile de l’attaquer avec avantage et même de la couler ; la première chose à faire était donc de mettre les navires en sûreté.

— Rien n’est plus facile, répondit Pitrians qui s’était informé du nom et du tonnage des navires composant l’escadre ; il y a en ce moment six bâtiments de guerre espagnols mouillés à Saint-Jean-de-Luz ; deux vaisseaux, une frégate et trois corvettes ; l’amiral espagnol