Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/346

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Le lendemain, au point du jour, la flotte flibustière appareillait et mettait le cap sur Saint-Domingue.

Elle emmenait avec elle le duc de la Torre et sa famille.

Le soir précédent, le duc avait par un courrier expédié au vice-roi de la nouvelle Espagne, avec prière de la faire parvenir à S. M. C. le roi d’Espagne, la démission de toutes ses charges, basée sur son désir de rentrer dans la vie privée et le dégoût insurmontable qu’il éprouvait pour les affaires, depuis les derniers événements dont il avait été témoin et avait failli être victime à la Vera-Cruz.

L’Olonnais et Fleur-de-Mai guérirent, soignés avec un dévouement véritablement maternel par la duchesse et sa fille qui, dirent-elles, voulaient ainsi prouver aux deux jeunes gens leur profonde reconnaissance, pour les services qu’ils leur avaient rendus.

Sur ces entrefaites, la position de Fleur-de-Mai avait comme par miracle subie une complète métamorphose.

Voici comment :

Danican, le flibustier, père adoptif de la jeune fille, avait été fort grièvement blessé à l’attaque de la Vera-Cruz.

Transporté à Léogane, son état n’avait pas tardé à s’empirer dans de telles proportions, que sentant la mort venir, le vieux flibustier avait senti les remords, qui depuis longtemps le tourmentaient, devenir insupportables ; il avait fait appeler près de lui Vent-en-Panne, Pitrians et l’Olonnais, qui depuis quelques jours avait commencé à entrer en convalescence.

Alors devant les trois hommes réunis, au milieu des affres de la mort, le flibustier se confessa.

Il avoua comment au fond du berceau dans lequel était couchée Fleur-de-Mai, quand il l’avait sauvée du naufrage, il avait trouvé des papiers établissant sa filiation et ses droits à la succession de la fortune d’une dès plus puissantes et des plus riches familles de la Bretagne, avec toutes les preuves à l’appui ; et de plus des liasses de billets de caisse pour une somme de plus de deux cent mille livres.