Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vouloir payer les 40,000 piastres fixées pour le rachat de votre ville, c’est bien entendu ? n’est-ce pas, señor ?

— Pardon, señor capitaine, répondit vivement don Antonio Coronel, après mûres réflexions ; les notables de la ville sont résolus à faire d’incroyables efforts pour vous satisfaire.

— Ah ! je savais bien qu’ils y arriveraient.

— Mais, vous comprenez, señor capitaine, que 40,000 piastres ne se trouvent pas ainsi tout d’un coup ; il faut du temps, et…

— Je comprends parfaitement cela, mon cher capitaine ; nous ne sommes pas des arabes ; nous vous laisserons tout le temps nécessaire.

— Ah ! merci, señor capitaine.

— Oui, oui, répondit Vent-en-Panne ; vous avez une demi-heure.

— Mais, señor capitaine !… s’écria le gouverneur atterré.

— Ah ! pas d’observations, je vous prie ; ce temps est plus que suffisant pour réunir le double et même le triple de cette somme ! ne m’obligez pas à faire moi-même des recherches ; peut-être vous coûteraient-elles plus cher que vous ne le supposez ; ainsi, voilà qui est convenu, 40,000 piastres dans une demi-heure ; ces deux caballeros, dit-il en désignant deux notables, iront prendre l’argent ; seulement, souvenez-bien de ceci : Si dans trente minutes, montre en main, ils ne sont pas de retour avec la somme dite, dans trente et une minutes, l’exécution recommencera, et cette fois, je ne l’interromprai plus ; vous m’avez entendu ? allez maintenant.

Les deux notables sortirent effarés, laissant dans la salle leurs compagnons plus morts que vifs ; un quart d’heure plus tard, des peones chargés de lourdes talegas, remplies de piastres, entraient dans l’ayuntamiento, suivis et surveillés par les deux notables. Les quarante mille piastres furent comptées ; Vent-en-Panne était un homme méthodique ; il signa généreusement