Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/114

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— Aucunes ; vous vous êtes rendus à discrétion, je disposerai de vous selon mon bon plaisir.

Que pouvaient faire les malheureux soldats tombés dans ce piège, si adroitement tendu, et maintenant désarmés ?

Les aventuriers se tenaient entre eux et leurs lances et leurs sabres ; il ne leur restait qu’une ressource : essayer par une prompte soumission d’adoucir leurs terribles vainqueurs ; c’est ce qu’ils firent.

Cinq minutes plus tard, toute la Cinquantaine était solidement garrottée et par elle-même ; seul, par considération pour son grade, l’alferez restait libre.

Le Poletais ramassa l’épée du lieutenant et la lui présentant.

— Reprenez cette arme, lui dit-il avec une ironie sanglante ; vous vous en servez trop bien, señor, pour que je me permette de vous en priver.

À cette insulte terrible, le jeune officier devint pâle comme un cadavre, tout son corps frissonna d’un tremblement nerveux ; il saisit brusquement l’épée d’une main fébrile et, la faisant siffler au-dessus de sa tête :

— Vous êtes un lâche, un misérable et un ladron ! s’écria-t-il d’une voix étranglée par la colère.

Et du plat de la lame il souffleta le boucanier.

Le Poletais poussa un rugissement de tigre, et,