Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/118

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grâce à votre généreuse sollicitude, à votre courageux dévouement, capitaine Ourson Tête-de-Fer, nous avons reconquis notre liberté ; dans quelques heures à peine, nous serons au milieu de nos compatriotes.

— Madame, interrompit le capitaine avec une noblesse et une dignité qui leur causèrent une extrême surprise, j’ai agi comme me l’ordonnait mon devoir de gentilhomme.

— Soit, capitaine, reprit doña Elmina, je n’insisterai pas davantage sur ce point ; je sais maintenant à quoi m’en tenir sur le compte de ces flibustiers et de ces boucaniers qu’on me représentait sans cesse comme des hommes féroces sans foi et sans honneur, j’emporte d’eux un souvenir qui toujours me sera doux, et, quand on les attaquera devant moi, je saurai maintenant comment les défendre.

— Madame, votre indulgence et votre bonté sont pour moi une trop haute récompense.

— Il nous est défendu de vous révéler nos noms et le rang que nous occupons ; mais nous croirions manquer aux égards que nous vous devons, si nous nous séparions de vous sans vous laisser voir des visages que jamais plus vous ne reverrez, mais dont vous conserverez peut-être le souvenir ; regardez-nous donc.

En parlant ainsi, doña Elmina écarta vivement le rebozo qui la voilait, mouvement imité aussitôt par sa compagne.