Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

douter d’un grain plus ou moins fort, et il était inutile de s’inquiéter à ce sujet.

Les officiers, présidés par leur capitaine, s’assirent autour de la table à roulis, sur ou plutôt dans laquelle le repas était servi.

Les braves flibustiers avaient grand faim, depuis leur pantagruélique banquet à l’Ancre-Dérapée. Tant d’affaires avaient absorbé leur temps qu’ils avaient à peine trouvé quelques secondes pour avaler à la hâte quelques bouchées de biscuit et boire une gorgée d’eau-de-vie.

L’on mangea et l’on but gaiement en causant de toutes sortes de choses, plus ou moins intéressantes, puis, lorsque l’appétit de ces puissantes natures fut enfin satisfait, des bouteilles d’eau-de-vie furent posées sur la table, les pipes allumées, et la conversation prit tout doucement une allure plus sérieuse.

— Est-ce une belle ville, Carthagène ? demanda l’Olonnais.

— On le dit, répondit Ourson ; quant à moi, je l’ignore, ne l’ayant jamais vue.

— C’est juste, reprit en riant l’Olonnais, pas plus qu’aucun de nous, je suppose.

— Les Espagnols sont si jaloux de leurs colonies dit le Poletais, qu’on ne peut les visiter que le fusil à la main.

— Eh ! fit Pierre Legrand avec un sourire, j’aime assez cette façon-là, moi ; cela rapporte.