Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/168

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ce rôdeur ; je vais, moi, remettre la frégate en route.

Pierre Legrand salua et se retira ; un instant après il était parti, et comme la brise le favorisait, il commençait à la voile une chasse désespérée contre la petite embarcation signalée par la vigie.

Mais alors il se passa quelque chose de singulier ; le canot suspect, au lieu de prendre chasse ainsi qu’on s’y attendait, vira seulement de bord et marcha droit sur l’embarcation flibustière.

Ou c’était une grande audace, ou une stupidité rare de la part de ceux qui montaient cette frêle pirogue.

Pierre Legrand fit préparer les armes et continua d’avancer.

Bientôt les deux embarcations ne furent plus qu’à demi-portée de pistolet.

Au moment où les flibustiers se levaient pour sauter à l’abordage, ils reconnurent que deux hommes seulement, un blanc et un nègre, se trouvaient dans la pirogue.

On jeta un grappin à son bord.

— Qui êtes-vous ? et où allez-vous, demanda Pierre Legrand dans le plus pur castillan.

— Cher seigneur répondit humblement le blanc, tandis que le nègre grelottait de tous ses membres, je suis pilote, j’ai aperçu un grand navire, il y a une heure, j’ai supposé que c’était un bâtiment de Santiago qui venait ici, et je me suis mis en mer