Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/180

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avait maintenant des vivres pour plus de six mois : c’était prodigieux !

Le capitaine assistait calme, froid, impassible à ce transbordement.

Lorsque le dernier ballot fut enfin embarqué, et qu’il ne resta absolument rien dans les magasins du malencontreux alcade, qui assistait d’un air affolé à cet immense désastre, qui engloutissait toute sa fortune, Ourson fit sonner un appel de trompettes.

Les habitants se groupèrent tumultueusement autour des flibustiers.

— Habitants, dit le capitaine, vous avez jusqu’à présent travaillé pour moi, ce dont je vous remercie ; maintenant travaillez pour vous, sus à cette maison, je vous l’abandonne.

Les Espagnols ne se firent pas répéter l’invitation, ils se ruèrent sur la maison qu’ils envahirent et qui bientôt regorgea de pillards acharnés, brisant les meubles et sondant les murs et les cloisons.

Lorsqu’enfin il ne resta plus de la maison que les quatre murs, Ourson y fit mettre le feu, et comme elle était construite en bois de cèdre, elle flamba bientôt d’une façon très-réjouissante à voir.

Le capitaine prit alors des mains d’un flibustier une lourde sacoche qu’il avait envoyer chercher à bord de la frégate, et remettant aux mains d’un habitant notable cette sacoche pleine d’or :