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La garnison espagnole comptait cinq mille deux cents hommes de vieilles troupes formées dans les guerres européennes et commandées par un brigadier, grade équivalent à peu près à celui plus moderne de général de brigade ; en cas de nécessité, on pouvait, en quelques heures, joindre à ces troupes environ trois mille cinq cents miliciens, bien armés et d’autant plus braves alors qu’ils combattaient en réalité pro aris et focis.

C’était cette ville, si formidablement armée, si heureusement située, que le capitaine Ourson Tête-de-Fer, avec un seul navire armé de trente canons et monte par sept cent vingt-trois hommes, avait résolu de prendre.

Il est vrai que ces sept cent vingt-trois hommes étaient l’élite des Frères de la Côte, et que le capitaine Ourson disait que tout ce que l’œil d’un flibustier pouvait embrasser dans son rayon visuel devait, s’il le voulait, lui appartenir ; ce que, jusque-la, il avait toujours personnellement prouvé.

Mais jamais aucun des chefs de la flibuste n’avait encore, jusqu’à ce jour, conçu une expédition aussi audacieuse, surtout en disposant d’aussi faibles moyens d’exécution.

Maintenant, profitant de la faculté qui de tout temps a été concédée aux romanciers de voltiger a leur guise sur l’aile des djinns et de traverser en quelques coups, non pas d’ailes, mais de plume, les plus longues distances, nous abandonnerons la Ta-