Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à leur patrie, ces soldats, ces magistrats ou ces diplomates, reviennent ici finir tranquillement leurs jours.

— Savez-vous que c’est tout simplement magnifique, ce que vous nous dites-là, m’écriai-je.

— Cela n’a rien de bien extraordinaire, reprit avec bonhomie monsieur Ducray ; la politique a des exigences auxquelles les particuliers ne sont pas tenus de se soumettre ; il en est à peu près de même dans toutes les anciennes possessions françaises ; cependant je dois avouer que ces préjugés, c’est le nom que les Anglais donnent à notre attachement à la mère patrie, ces préjugés, sont ici beaucoup plus invétérés que partout ailleurs.

— À quelle cause attribuez-vous ce fait, demandai-je curieusement ?

— Dans le principe, Saint-Christophe a été possédé en commun par les Français et les Anglais ; par un hasard singulier, en même temps que des aventuriers français y débarquaient d’un côté, des aventuriers anglais y arrivaient d’un autre. Ces aventuriers vécurent d’abord en bonne intelligence, puis les Français finirent par expulser complètement les Anglais et par demeurer maîtres de l’île entière ; les Anglais essayèrent, à plusieurs reprises, de reprendre pied sur l’île, mais toujours vainement ; mais vous savez, ajouta-t-il, que ce que les Anglais veulent ils le veulent bien, l’entêtement est leur plus précieuse qualité. Le Traité de Versailles tran-