Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/232

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nant en s’adressant à Alexandre qui, son sifflet de maître d’équipage à la main, se tenait près de lui.

Alexandre transmit l’ordre à un homme, qui s’affala aussitôt par le panneau de l’arrière.

— Quelle route fait ce navire ? reprit alors Pierre Legrand.

— Il vient sur nous, dit la vigie ; il nous a aperçus.

— Tu en es sûr ?

— Oui, il a loffé de deux quarts.

— Alors c’est un gavacho.

En ce moment le capitaine parut sur le pont, portant une longue-vue en bandoulière.

Il jeta un regard scrutateur sur le point de l’horizon où devait se trouver le navire signalé, puis sans prononcer un mot, il s’élança dans les enfléchures et en un instant il se trouva dans la grande hune ; de là il monta au sommet du grand mât de perroquet, mit sa lunette au point et regarda.

Tout l’équipage se tenait immobile et silencieux sur le pont.

Ce mot magique : navire ! avait galvanisé les plus lents et les plus insouciants ; navire ! c’est-à-dire une proie, du butin, de riches dépouilles peut-être, un combat certainement contre leurs implacables ennemis ; aussi l’anxiété et l’impatience des flibustiers étaient-elles grandes, tandis que le capitaine continuait froidement et minutieusement l’examen du bâtiment signalé.