Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/234

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vait plus qu’à un demi-mille au plus du redoutable corsaire.

Du reste, le brick, reconnaissant l’impossibilité d’échapper aux serres de son ennemi, avait pris son parti avec cette héroïque résignation qui de tout temps a caractérisé la race espagnole, race fataliste que son long asservissement de huit cents ans sous le joug des Maures a, malgré elle, imbue des principes de l’Orient.

Le brick avait amené et rentré les bonnettes dont il s’était couvert d’abord, il avait serré ses cacatois, et il continuait bravement sa route sous petite voilure.

Ourson avait reparu sur le pont, et, montant sur son banc de quart, il avait pris en main le portevoix :

— Chacun à son poste de combat, dit-il.

— Branle-bas de combat ! répéta l’Olonnais.

Il s’opéra immédiatement un grand mouvement sur le pont et dans la batterie ; les grenadiers et les plus adroits tireurs montèrent dans les hunes ; puis ce fut tout ; un silence de mort régna sur le navire.

— Commandant ! dit l’Olonnais, tout est paré, chacun est à son poste.

Pierre Legrand, placé près du gaillard d’avant, une mèche à la main, se tenait immobile derrière un canon, les yeux fixés sur son chef.

Celui-ci fit un geste ; le lieutenant approcha la mèche de la lumière.