Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/243

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entre nous, me fait l’effet d’un assez vilain personnage ; c’est un Mexicain qui, un beau matin, est tombé comme une bombe dans la colonie, sans qu’on sût ni qui il était, ni d’où il venait ; il passe pour énormément riche ; il tient maison ouverte et est fort beau joueur, c’est même cette qualité qui, lui a ouvert le palais du gouverneur avec qui il est maintenant intimement lié, si intimement même, qu’il doit au premier jour épouser sa fille, pauvre chère enfant !

— Vous plaignez cette jeune fille ?

— Du fond du cœur, oui, mon cher commandant ; car je suis convaincu qu’on la sacrifie et qu’il est impossible qu’elle aime cet homme, sur le compte de qui il court, du reste, de singulières et même de sinistres histoires.

— Racontez-moi donc cela.

— Je vous ai dit, n’est-ce pas commandant, que j’ai embarqué deux matelots par-dessus le bord en sortant de Carthagène ?

— En effet.

— Eh bien, ces deux matelots m’ont été amenés par don Torribio Moreno lui-même.

— Don Torribio Moreno ?

— Oui ; c’est le nom du Mexicain.

— Ah ! fort bien. Continuez.

— Figurez-vous que ce don Torribio Moreno attendait une goélette nommée la Santa-Catalina, qui venait de la Vera-Cruz et lui appartenait ; cette