Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/244

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goélette était montée par sept hommes, le capitaine compris. Eh bien, le Mexicain dressa si bien ses batteries qu’avant d’entrer dans le port de Carthagène, le capitaine et quatre hommes se noyèrent. Don Torribio Moreno arriva à bord de la goélette pendant la nuit, quelque temps après ce funeste accident, avec un nouvel équipage ; les deux matelots survivants furent saisis d’un tel effroi de ce qui s’était passé, qu’ils voulurent à toute force débarquer ; je sortais avec mon navire. Le señor Moreno, qui ne demandait pas mieux sans doute que de se débarrasser de témoins gênants, me proposa de les prendre à bord ; j’y consentis.

— Ils y sont encore ?

— Oui ; oh ! ils savent cette ténebreuse affaire sur le bout du doigt. Maintenant, quel intérêt don Torribio Moreno a-t-il à cette noyade ? voila ce que j’ignore.

— Je le saurai, moi, murmura à part lui le flibustier. Voulez-vous me céder ces deux hommes, capitaine ? reprit-il à voix haute ; je vous le garantis sur ma parole qu’il ne leur arrivera aucun mal, à mon bord, tout au contraire.

— Comme il vous plaira, mon cher commandant ; mais puis-je savoir… ?

— La curiosité, mon cher capitaine, pas autre chose. Voici votre sauf-conduit, ajouta-t-il en lui remettant un papier sur lequel il avait écrit quelque mots et qu’il avait signé ; maintenant venez.