Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/250

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même il m’aimerait, ce qui est impossible, des obstacles si grands s’opposent à notre union, une barrière si infranchissable nous sépare, que jamais je ne pourrais être à lui ! Cet amour, enfin, est un rêve insensé.

Doña Lilia avait écouté son amie avec la plus sérieuse attention, hochant parfois la tête et fronçant ses lèvres mignonnes par une moue charmante.

— Elmina, murmura-t-elle, lorsque la jeune fille se tut, les Français disent que le mot impossible n’existe pas dans leur langue, pourquoi n’en serait-il pas de même en espagnol ?

Doña Elmina la regarda fixement.

— À quel propos me parle-tu des Français ? ma chère, lui demanda-t-elle avec un léger tremblement dans la voix.

Doña Lilia sourit.

— Les Français sont des hommes de cœur, dit-elle d’une voix insinuante.

— Certains d’entre eux nous l’ont prouvé, répondit doña Elmina en étouffant un soupir.

Doña Lilia pencha la tête sur l’épaule de sa compagne.

— Je ne sais si tu l’as remarqué, reprit-elle, mais ce don Torribio semble affecter en notre présence…

— Pas un mot sur cet homme, s’écria vivement doña Elmina, je t’en supplie !