Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/317

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breux torts à se reprocher, pour le mal qu’il lui avait fait en plusieurs circonstances.

Son plus grand désir était donc de se délivrer le plus tôt possible de ce complice gênant, et nous avons vu plus haut qu’il prenait déjà à l’avance ses précautions à ce sujet.

Mais il craignait d’être prévenu par lui ; aussi plus l’époque fixée par lui pour l’enlèvement des jeunes filles approchait-elle, plus il surveillait attentivement son complice, qu’autant que possible il ne perdait pas de vue un instant.

Cette crainte d’être trahi par le capitaine causait donc seule l’inquiétude de don Torribio.

Cette crainte instructive était un pressentiment.

Un soir, vers cinq heures, il se rendit à bord de la Santa-Catalina, mouillée, ainsi que nous l’avons dit, en grande rade.

Au moment où il accostait la goélette à tribord, une embarcation qu’il ne put apercevoir déborda brusquement par la hanche de bâbord, et le capitaine Barthélemy, après avoir échangé un signe muet et confidentiel, avec les gens qui la montaient, se hâta de traverser le pont et s’élança à sa rencontre.

Or comme tout, en ce moment, portait ombrage à don Torribio Moreno ; l’empressement de son ami Barthélemy, l’homme le moins esclave de l’étiquette qu’il connût, lui parut naturellement plus que suspect.

Il fronça imperceptiblement le sourcil :