Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/349

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Bientôt les deux officiers espagnols se trouvèrent en vue des murailles de Carthagène, la ville n’était plus éloignée d’eux que de quelques centaines de pas à peine.

Tout était calme car, malgré ce que le boucanier avait dit, et il croyait dire vrai, l’attaque n’était pas encore commencée.

Les deux cavaliers avaient traversé un petit bois de goyaviers assez touffu qui touchait presque le mur d’enceinte de la ville, mur en très-mauvais état et dans lequel s’ouvraient çà et là de larges brèches.

Aussi loin que la vue pouvait s’étendre dans toutes les directions, la campagne était déserte ; un silence lugubre planait sur cette nature, si riante d’ordinaire.

Don José s’arrêta et mit pied à terre.

Son ami le regardait faire avec surprise, il ne comprenait rien à cette façon d’agir.

— Laissons souffler nos chevaux, dit le gouverneur d’une voix sombre, rien ne nous presse, l’ennemi est loin encore.

Don Lopez Aldao s’inclina sans répondre, et descendit à son tour ; ils attachèrent leurs chevaux au tronc d’un arbre.

Le gouverneur était livide, il se laissa tomber sur le sol et demeura plusieurs minutes, l’œil atone, les traits crispés, la sueur au front, semblant ne plus avoir conscience de ce qui se passait autour de lui ;